samedi 31 janvier 2009

Le rap suisse n'est pas mort, lui. 1.1

Tandis que Booba semble avoir perdu sa verve sous des couches de vocoder à la T-Pain et des prods à la TTC last period. Que le rap malin ne se vend plus qu'accompagné de musiciens jazz, que les revendications de tout genre se sont depuis longtemps transformées en lieux communs bien-pensants et vomitifs. Alors qu'il faut creuser de plus en plus profondément les réseaux de distribution français pour trouver des disques de rap de qualité. Que même la Rumeur qui signe chez EMI en pensant vendre plus voit ses albums distribués en France uniquement. Produit non-exportable. Alors quant à faire occupons-nous de ce qui se passe chez nous. Car il s'en passe, des choses.Pour une fois on va pas vous parler d'un disque mais d'un concert. En espérant que sous peu une chronique d'album sera possible...

Hier soir dans les murs du Romandie, un public des plus éclectiques eut le droit à sa première baffe hip-hop de l'année. Et la baffe en question ne fut pas donnée par une bande de jeunes noirs des suburbs de Detroit, ni même d'une banlieue parisienne... J'ai nommé les Lausannois La Gale et Rynox.

Un mec et une nana, qui se passent le crachoir avec une dextérité décomplexée. Un public acquis en un morceau sans pour autant se voir obligé de faire la moitié du show lui-même comme c'est trop souvent le cas dans ce genre de concerts. Un vrai DJ qui ne se contente pas de balancer des instrus entre deux cannettes. Des vrais MC's attentifs au public, en phase, qui se passent de set-list comme des usuelles mais gênantes minutes dédiées au démélage des cables micros. Des beats variés de toutes provenances, du massif violonu à l'absrtact aux rythmes syncopés en passant par l'électronique new-school accéléré. Des flows habiles qui s'adaptent sans un hoquet aux variations de BPM. Des textes malins et un humour à toute épreuve qui ne versent jamais dans la superficialité ni dans la parodie de la parodie de la parodie... Des messages directs qui atteignent leur but comme un poing dans ta face, loin des euphémismes et la sur-narrativité si chère au rap français depuis ses débuts. Pas d'histoires de gamins qui traînent dans des cages d'escaliers ici, mais des faits, des haines et quelques rêves qui ne s'embarrassent ni de détails ni de métaphores. Bref un rap politique, virulent et dénonciateur qui nous rappellent, une fois n'est pas coutume, que c'est ça le rap. Aussi. Surtout. Et que, débarrassé de ses clichés, il arrive encore parfois à son but ultime.

Bref une affaire à suivre.
La Gale
Rynox

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