dimanche 21 décembre 2008

SUN KIL MOON - APRIL

lorsque je découvre "songs for a blue guitar" oublié (à dessein ? signe du destin ? là, j'aimerais y croire !) dans un bac à occas' de la placette, c'est le coup de foudre immédiat. tout sonne juste. j'avais besoin de ça. il fallait que je passe par les premiers accords de "have you forgotten", par le picking et les feedbacks immensément nostalgiques de "trailways" et la reprise de "all mixed up" des CARS aux allures d'hymne pour tous les célibataires qui font vraiment de leur mieux alors qu'on finit toujours par ne rien comprendre aux multiples tergiversations féminines... bref, c'est l'amour fou pour mark kozelek et sa musique: enfin une relation saine ! :-P un amour inconditionnel. sans la moindre déception.

n'avez-vous jamais découvert sur le tard un artiste cité partout comme une référence absolue ? mais si ! vous devez savoir comme c'est jouissif, quand on n'arrive pas à se détacher d'un album alors qu'en fait du coup il n'en reste juste qu'une petite dizaine à découvrir... ça, c'est la boulimie du mélomane ! jouissif ! on plonge dans l'étalage de tubes de la "retrospective" de 4AD, on prend la double-baffe-ultime avec les albums "rollercoaster" et "bridge"... et le virus gagne du terrain à la Vitesse grand V... en fait, plus qu'AMERICAN MUSIC CLUB ou SMOG que je n'ai jamais tellement écoutés, c'est quand même, faut bien l'avouer, le songwriting de robin proper-sheppard qui m'y a progressivement conduit, au hasard d'une chronique alléchante pour le coeur solitaire que je suis... toutefois, il s'avère aujourd'hui que les derniers SOPHIA m'ont plutôt déçu, à part que c'est quand même toujours "bonnard" (pour reprendre cette expression détestable de notre clique lausannoise - putain, variez voir un peu les épithètes !!!), tandis que mark kozelek m'accompagne presque tous les jours. OUI ! que ce soit sur le double live "little drummer boy" (chef-d'oeuvre absolu de songwriting intime où le grand monsieur se plaît à réorchestrer la plupart de ses vieux titres) ou avec ses douces reprises de MODEST MOUSE ("tiny cities"), pas un jour ne passe sans 2-3 chansons d'el koz...

alors voilà où je veux en venir, en ce dimanche matin glauque, avec son lot de bronchite & de nuages gris, ne cherchez plus dans tous ces tops de fin d'année de merde, faites-moi confiance une fois de plus et prêtez donc une oreille (si ce n'est pas déjà fait, of course !) au magnifique "april" de SUN KIL MOON. c'est une oeuvre dense, qu'on appréhende petit à petit et qui se révèle au fur et à mesure, comme sait si bien le faire la plupart des grands disques (tenez, même si ça n'a presque rien à voir, l'autre jour je me suis repassé "slip" de QUICKSAND en boucle et me suis sérieusement demandé si finalement dieu existait...) - si l'on retient difficilement les quelques discrètes apparitions de ben gibbard et will oldham, c'est surtout parce que les paroles de mark kozelek sont empreintes d'un lyrisme rare, où chaque détail retient notre souffle, tant on y retrouve à coup sûr une sensation oubliée, du déjà vu. c'est aussi ça qui me choque ; cette faculté à saisir un visage, un paysage à immortaliser, en quelques mots. mark nous raconte des histoires, entre fiction et autobiographie. nous sommes saisis par son mal du pays ("tonight in bilbao"), sa sérénité malgré la mort d'un proche ("harper road"), son empathie pour celles et ceux qui souffrent, cachés dans leurs chambres de san francisco l'embrumée ("lucky man")... non, ne riez pas, je l'imagine tout à fait, cette reprise de maxime le forestier, "it's a blue house on the cliff..." - pourquoi pas, hein ? et puis, même si tu n'aimes pas sa voix traînante, comme anesthésiée, je crois que tu es quand même obligé de reconnaître que les compétences guitaristiques du monsieur sont hors du commun: virtuose du picking à la NICK DRAKE, c'est aussi en digne héritier de NEIL YOUNG que mark kozelek envoie du bois avec des rock anthems dignes d'une longue virée à travers la californie... il fallait les voir, ces quatre gaillards, partir en solo prog sur la scène de "la maroquinerie" à paris, électrisant un "river" que le cheval sauvage n'aurait jamais pu renier ! toutefois, si je ne devais garder qu'un seul morceau de cet album, ce serait "blue orchids" que je choisirais sans détour... ici, rien à voir avec THE WHITE STRIPES ! juste une voix, cet instant hors du temps, juste après les larmes, deux guitares bouleversantes, légèrement hispaniques, comme un couple qui danserait dans la lumière du soir. c'est une élégie. un tendre poème d'amour à celle qui est partie trop tôt, katy, 30 ans et des poussières, la muse éternelle, inspirant bon nombre de ballades sur les autoroutes de jadis, où une silhouette indistincte semble virevolter à l'horizon, comme une robe en été...

j'ajouterais également que 2008 a particulièrement enchanté tous les fans de mark kozelek. en plus de ce nouvel album studio, un livre "nights of passed over" compilant tous ses textes, ainsi que trois disques rares, collections de prises live et autres morceaux oubliés ("nights", "7 songs belfast" et le p'tit dernier "finally"), je suis aux anges de l'ouest américain. et toi alors ? encore combien de temps avant que tu t'abandonnes enfin au plus parfait des envoûtements ?...

=f=

ps: cela faisait longtemps que je voulais écrire cette chronique. mais, maintenant que c'est fait, j'ai quand même beaucoup de frustration. j'aurais voulu dire d'autres choses, être plus concis, rendre hommage avec davantage de subtilité... m'enfin, fallait bien que je me lance, non ?!? en conclusion, tout simplement: la musique de mark kozelek a changé ma vie et je suis heureux de pouvoir l'écouter et la partager avec toi, à chaque fois que j'en éprouve l'envie ou le besoin. un artiste rare.

joyeuses fêtes. au revoir, à bientôt.

=f=

http://www.caldoverderecords.com

1 commentaire:

daniel a dit…

Je considère "songs for a blue guitar " comme l'un des plus grands disques jamais enregsitrés ( malgré quelques longuers ...).En revanche j'ai beaucoup de mal à ne pas m'ennuyer en écoutant les derniers enregistrements de Kozelek ... ( Dieu sait que j'ai pourtant insisté ...).