jeudi 13 novembre 2008

L'avenir appartient aux vieux...

Tandis que ça fait déjà quelques années que les majors ne sortent plus de jeunes groupes pop-rock prêts à tout pour révolutionner l'histoire des charts et que les indés s'épuisent à la course au dernier truc branchouille qui fera exploser la hype pendant plus de 3 mois. Et que tous les kids des écoles d'art s'acharnent à mixer la plus bête mélodie avec qui une couche de banjo, qui une couche de bouzouki, qui une couche de tablas (les claviers c'est has-been), force est de constater que les vieux, eux, savent tirer leur épingle du jeu. Petite démonstration avec ceux qui innovent (et c'est tant mieux) et ceux qui n'innovent pas (et c'est pas plus mal)


Les jeunes vieux :

DAVID BYRNE & BRIAN ENO "Everything That Happens Will Happen Today"
GRACE JONES "Hurricane"

Bon Grace Jones, moi je croyais qu'elle était morte et enterrée avec toute sa panoplie de Bond Girl, sa classe 80's, ses coupes de cheveux improbables, et son excellente idée de mêler "de manière inattendue disco et reggae" (merci Wikipédia) Beurk! Ca ressemble à une mauvaise blague comme ça. Enfin moi dans les années 80 j'écoutais Henri Des et c'était pas mieux... Bon toujours est-il que vu que la mode est à ressusciter les vieilles gloires plutôt que de les laisser crever de faim, on a pas fini de juger les comebacks des papys du rock et des mamies de la disco. Alors quand cette grande dégaindée androgyne au passé plus que mouvementé réapparait elle a intérêt à le faire bien si elle ne veut pas être récupérée par la star'ac ou le reggaeton. Cap passé haut la main vu que si Grace Jones a une qualité c'est celle de bien savoir s'entourer. Pour ce Hurricane qui surgit après un hiatus de 20 ans on retrouve son contemporain Eno (120 ans à eux deux...), Sly Dunbar, Tricky et bien d'autres. Et le résultat est des plus classieux, sombre et torturé par moment, un peu dub crasseux, un peu trip-hop, un peu Bowie, un poil indus, un poil reggae bien sûr. Tous les morceaux ne sont pas franchement incroyables mais rien que le single Corporate Carnibal vaut le détour. Et les remixes aussi. Et le booklet aussi. Quand on a eu la classe dans la pire des décennies c'est difficile de pas l'avoir en 2008.

Et puis Eno, qui ne chôme jamais lui, ça c'est sûr, a eu la bonne idée de redégotter son vieux pote David Byrne, encore un presque hyperractif, pour une 5ème collaboration après près de 30 ans de hiatus. Donc dans la période préhistorique on a les 3 chefs d'oeuvre de Talking Heads, que vous connaissez tous (non? dehors! Allez, revenez, je vais vous expliquer... une autre fois...) puis à l'époque des Barbares qui se font Rome on a cet ovni de "My Life In The Bush of Ghosts" bon ovni c'est pas très pertinent quand on parle de ces deux énergumènes là, je vous l'accorde. Reste que c'était moyennement audible, contrairement aux Lumières de "Everything That Happens Will Happen Today" Ca c'est de l'album, du grand album, avec des vrais morceaux, avec des vrais refrains et des vrais couplets. Mr Eno compose ses jolies plages electro-gospels bien balancées, audacieuses sans êtres inaccessibles et Mr Byrne pose sa Voix là dessus. Il se rentrent un peu dans le cadre (l'inénarrable Strange Overtones), rajoutent des choeurs, des vrais instruments, une bonne dose d'optimisme et passent le tout à la moulinette magique d'Eno. Voilà, comment faire un disque! Ah, quelle joyeuse fraîcheur de bon goût! Les fins connaisseurs de musique de "vieux qui après les années d'errance qui suivent les années de gloire se remettent finalement dans le droit chemin" feront forcément la comparaison qui s'est imposée à mon esprit. Le Mighty Rearrenger de Robert Plant. Rien de tel pour se remettre de Rollo Tomasi!


Les vieux jeunes :
MOTORHEAD : "Motorizer" & AC/DC "Black ice"



Est-ce bien nécessaire? Bon alors cette fois je serais sans merci, ceux qui ne connaissent pas Motörhead peuvent sortir! (Et non c'est pas de l'élitisme!) Damned, que dire? Disons que Lemmy (sortez encore...) est la preuve que Dieu existe (je vais pas me faire un ami). Parce que, sans la Grâce Divine, Lemmy serait en enfer avec de la coke et des putes. Mais il est sur terre avec sa verrue et sa machine à sous. Et à intervalle régulier il est dans un studio à cracher ses tubes avec ses potes Mike et Phil, et à intervalle régulier il fout sa tannée à tous les petits crétins qui s'imaginent qu'ils sont lourds, et rock, et méchants, et subversifs, et dirty, et dark, et... bref. Et ceux qui disent que c'est toujours le même album qui en sort ont tout compris. C'est le SEUL album, qu'il s'appelle Motörizer, Bastards ou Ace Of Spades. C'est ce truc que Raël fera écouter à ses potes quand ils lui tendront d'un air dubitatif une grenouillère brodée d'une tête de mort.

Si Motörhead reste assez underground finalement (difficile à croire mais vrai) ça n'est pas le cas de AC/DC. Quand en octobre 2008 un groupe de rock vend plus d'1,5 million d'albums en une semaine personne n'y croît vraiment. Cela ne correspond ni à l'état du marché du disque, ni à la conjoncture économique en général. Alors sans vouloir vous entraîner dans des suppositions socio-économiques scabreuses, j'aurais tendance à penser que la loi absolue du rockeur indé de bon goût qui dit que plus c'est de la merde plus ça vend, celui-là même qui arrête d'écouter Arcade Fire quand ça fait la grande scène du Paléo, a des limites. Et que si elle se vérifie souvent c'est en tout cas pas dans ces extrêmes les plus fous. Car on a beau dire, si AC/DC n'ont qu'un seul riff, ils savent s'en servir à bon escient. Et la musique de stade est une musique à part, qui a ces qualités et ces règles, certains les subliment, d'autres les ridiculisent. Et AC/DC font partie du sublime. Et l'on a beau être scotché par Black Cobra à l'Usine, détruit par les basses de Sun 0))) ou ne jamais se remettre des DBs imposées par My Bloody Valentine reste que la pyro des Stones, Springsteen dans des arènes, Favez sur la place de la Riponne ou le riff des frangins Young font toujours leur petit effet et donnent au redbull un arrière-goût de lait maternel.
Et non c'est pas du populisme!




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