lundi 17 novembre 2008

THE STANDARD - Swimmer

Dans la vie, on prend des baffes. Ach ja ! Mais faut quand même bien le dire: certaines font beaucoup plus mal que d'autres ! Ok. Je ne t'apprends rien. Tu fais le malin, tu ricanes, tu me méprises alors qu'il t'arrive aussi de pleurer seul(e) dans ton lit ; avec un brin de cynisme - ze baffe, tu l'as déjà expérimentée à diverses reprises, que ce soit dans tes relations avec les êtres humains (& ceux qui ne le sont guère), au boulot, à la maison devant ta pile de linge sale, en famille (allô, 'y a quelqu'un ?), ou encore lorsque tu sens ta santé défaillir au terme d'un weekend marathon Jägermeister-Coca (... mais qui peut bien être l'imbécile qui a inventé cela ? DAMNED !) au coeur de ta salle de rock lausannoise favorite... Pourtant, Didier Bourdon et ses copains chasseurs dans le Bouchaunois insistaient déjà sur le fait qu'il faut absolument distinguer "la bonne baffe" de "la mauvaise baffe"... Soyons donc résolument positifs aujourd'hui: exit "les mauvaises" qui t'empoisonnent la vie, à l'image de ce dimanche matin, tes yeux entrebaillés, en sévère opposition avec la grisaille d'un mois de novembre qui part vite en couille (dis voir, on met un "s" à "couille" dans ce cas de figure ?), tes cheveux et tes pantalons slim qui puent la fumée, alors que tu viens tout juste de réaliser avec une brutalité (quasi) hors du commun, entre deux comas léthargiques, que c'est quand même le sacrosaint repas de famille qui t'attend dans moins d'une demi-heure... Tu ricanes encore ? Mais ZUT à la fin ! Je suis convaincu que cet étalage de ma vie privée te touchera droit au coeur car mon témoignage de "sale fan" est d'ores et déjà emblématique. Mais oui, avoue-le, il y a quelque chose qui résonne en toi, à la lecture de mes mots: ça ressemble à la chanson que t'écoutes en boucle, mais oui, celle qui a été écrite rien que pour toi, que ce n'est pas possible autrement, tellement paroles & musique sonnent "juste", identiques à chaque petit pas, back & forth, au coeur de ze jungle existentielle... TRUST ME. Et ne manque pas ce qui suit, sinon je ne donne pas cher de ta peau.

Aujourd'hui, je rends hommage à cette "bonne baffe" qui semble éternellement se diluer dans le temps, la beauté du geste, une lenteur d'empereur, la gracieuse main qui surgit du néant pour balayer l'espace jusqu'à ta face impure, dans un laps de temps incommensurable et démentiel... Of course, t'as la joue qui pique. C'est cinglant. T'as également ton zizi qui ronronne & ton oreille qui bourdonne, crie au génie et danse la gigue. Tu découvres que THE STANDARD est un groupe de rock américain. Tu te renseignes et réalises qu'avant ce "Swimmer", aux multiples qualités cathartiques, deux disques majeurs, "Albatross" (2005) et "Wire Post to Wire" (2004), ont déjà hanté plus d'un rocker sensible et exigeant. Ô joie ! Tu viens à peine de te plonger corps et âme dans leur nouvel opus qu'on t'assure déjà sincèrement, à ferveur déployée, que ceux d'avant sont tout aussi excellents, voire même encore meilleurs, plus sombres, plus post punk/cold wave, bref, toujours plus dans le sens de ce que tu caresses !... Râhhh, ça te rappelle une autre trouvaille, même si la musique diffère quelque peu: Mark Kozelek et les Red House Painters: un nom culte qui te hante jusqu'au jour mémorable d'un album déniché dans un bac à occases d'une grande surface, entre les bijoux de Madame et les huiles essentielles de Monsieur. Ze "bonne baffe" qui claque suivie immanquablement par la découverte progressive et euphorique d'une oeuvre considérable qui s'empare violemment de tes tumultes intérieurs, les magnifiant avec une délicatesse sans nom.

Enfin, tout de même ! Restons objectifs. THE STANDARD: encore une équipe de garçons en costard-cravate de fossoyeurs, me diras-tu ?! Eh bien, non ! Point de chichi à la INTERPOL ! Ces garçons-là ont vraiment la classe ! Càd la modeste ! La plus belle, forcément. Et puis faut bien le reconnaître, c'est si triste qu'on n'entende jamais parler d'eux. On les aime jusqu'au bout de leurs doigts magiques, on désire ardemment que leur musique soit chérie par un plus grand nombre, que leur appellation contrôlée circule comme la peste bubonique au Moyen Âge et s'inscrive en lettres de sang sur les portes, à la manière de ces EDITORS ou THE NATIONAL qui ont récemment fait péter tous les scores. Bref, bombons le torse à chaque "Tu connais THE STANDARD ?" que nous prenons plaisir à dispenser aux pauvres ignorants, comme si nous étions les détenteurs d'une mission divine, en étroit rapport avec la Vérité ultime... Mais surtout, restons honnêtes, il faut quand même l'avouer: ça nous fait bien plaisir, ce genre de formations quasi inconnues au bataillon, du type de celles qu'on aurait vachement envie de pousser en avant, qu'il suffirait juste d'un petit quelque chose, sans doute, pour qu'elles explosent au firmament des grands groupes mais qu'en fin de compte, on préfère les garder pour soi, bien au chaud, ces trésors sonores, comme un secret d'état jalousement gardé à l'abri de l'hyper-médiatisation qui, elle, ne manquerait pas d'annihiler tout sentiment d'intime communion avec Rock'n'roll, l'électrique Seigneur rédempteur. Bref, à mon tour de te faire confiance. Et crois-moi sans détour lorsque j'affirme que les gentlemen de THE STANDARD écrivent des chansons intelligentes aux mélodies attrayantes, des morceaux pop qui exigent parfois une écoute attentive pour s'installer durablement dans tes méninges, conscientes de leur éloquence, malgré leur absence de structure radiophonique traditionnelle, avec cette voix torturée qui n'est pas sans rappeler les débuts maniérés d'un certain Brian Molko ("Through The Walls"). Accueille chaleureusement le velouté de ce piano crépusculaire. On te chérit. Embrasse ces guitares incisives ; comme des pétales de rose noire dans ta bouche. On te malmène avec "Sunday Eyes". Lève-toi et danse ! Tous tes sens en alerte ; quel bonheur lorsque tu prendras grand plaisir à marcher sur les braises encore fumantes de "Into The Fall"... Un festival d'illuminations.

Fichtre, il se passe tellement de choses au coeur de la grande salle de bal de THE STANDARD. Les chandeliers vacillent, les ombres virevoltent sur les murs. L'art contemporain devient enfin accessible. Tu vis une époque formidable.

http://www.myspace.com/thestandard

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